C'est une pointe monumentale et élancée, perchée entre deux vallées de caractère du massif des Ecrins, la Haute-Romanche et le Haut-Vénéon. Sommet phare du nord des Ecrins, culminant à 3892 mètres, son nom est à jamais lié à celui de Gaspard, guide-paysan, qui le premier, foula en 1877 ce grand pic longtemps réputé inaccessible, en compagnie de son jeune client et ami Henri Emmanuel Boileau de Castelnau et de son propre fils.
« Aiguille du Midi », ou « Meidjo » pour les habitants de la Grave et les premiers géographes, elle devient officiellement Meije à partir de 1862. Lorsque le tout jeune Club Alpin Français choisit en 1898 son logo, c’est la belle silhouette de la Meije vue du nord qu’il choisit. La Meije, par sa beauté et par son histoire, s’est imposée dès cette fin du XIXe siècle comme la montagne emblématique de l’alpinisme français.
C'est un massif dans un massif ; ses immenses faces sud et nord, aussi redoutables que différentes, ont attiré des générations d'alpinistes de haut niveau. L’un d’entre eux, Christophe Moulin, a écrit : « La Meije est une merveille de neige et de roc. Une cime massive et élégante à la fois, dont toutes les faces et les arêtes sont belles. Evidemment, sa face nord, la part d’ombre de cette dame, m’attire plus que toute autre. Il n’y a pas que moi. Ce diamant noir, surgi de son écrin de glaces, qui raye un ciel de Provence, arrête tous les touristes de passage à la Grave. »
La face sud, plus secrète car on ne peut la découvrir qu’au prix d’une marche d’une heure vers le vallon des Etançons, depuis le hameau de la Bérarde perdu au bout de la vallée du Vénéon, n’est pas moins fascinante. Flanquée d’un éperon qui abrite l’itinéraire de la première ascension et le refuge perché du Promontoire, ornée d’un glacier de poche suspendu, le Glacier carré - qui n’est en réalité qu’un névé permanent -, cette face sud est un mur vertical et monumental, haut de 800 mètres et large de près de 2 kilomètres, qui a longtemps résisté aux alpinistes. « Jusqu’en 1934, la Meije offrait une des plus belles parois vierges que les Alpes occidentales puissent proposer à l’ambition des grimpeurs : une paroi de rochers fauves à laquelle le soleil qui, depuis des milliers d’années, la baigne chaque jour, a donné une patine de bronze », raconte Henri Isselin.
Ces deux versants sont séparés par une ligne d'arêtes somptueuse dont la traversée constitue une course de référence, voire un passage initiatique pour les montagnards. Le sommet exigu du Grand Pic de la Meije, orné d’une vierge de bois, a beau rester en dessous de l’altitude symbolique des 4000 mètres, il est l’un des plus émouvants. Côté nord, il s’ouvre sur 2000 mètres verticaux d’ombre et de glace, en surplomb au-dessus de la Grave et de la Romanche. Côté sud, il plonge vers le long vallon rectiligne des Etançons et ouvre un panorama unique sur le massif des Ecrins. Irrésistiblement, le regard est attiré sur la longue ligne effilée d’arêtes qu’il va encore falloir parcourir pour regagner le monde d’en bas, une succession de dents vertigineuses jusqu’au pic Central de la Meije, le bien nommé Doigt de Dieu…
La Meije n’est pas une cime emblématique que pour les alpinistes. Les Vallons de la Meije, à ses pieds côté Haute-Romanche, font partie des haut-lieux mondiaux du ski freeride, tandis que le Tour de la Meije est l'un des raids de ski-alpinisme les plus réputés – et les plus excitants - des Alpes françaises.
Incontournable, fascinante, suscitant plus d’un siècle passions brûlantes et polémiques acharnées, la "Reine Meije" impassible règne sur le cœur des hommes.
Pierre Gaspard, futur conquérant de la Meije, naît à Saint-Christophe-en-Oisans dans la vallée du Vénéon, dans le Haut-Dauphiné. Après ceux de Chamonix, les hommes de ce pays se font guide pour les premiers alpinistes venus conquérir la Meije.<br />
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Résumé du film<br />
"La Conquête de la Meije", de Denis Ducroz, est une reconstitution historique de la première ascension de la Meije, le 16 août 1877, par Emmanuel Boileau de Castelnau, avec Pierre Gaspard et fils. <br />
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- Année
- 1986
- Producteur
- SOTEL S.A.
- Réalisateur(s)
- Denis DUCROZ
- Cameraman
- Denis DUCROZ
- Son
- Jean-Pierre CHALIGNE